Et pour commencer, un petit panorama du discours ambiant sur la pauvreté
Les pauvres, ils le sont par leur faute. Les pauvres, ils le sont par choix
et pour profiter des avantages sociaux. Les pauvres sont des
paresseux.
Soyons clair, ce discours nous l’entendons tous et parfois, ces idées
nous paraissent même raisonnables. La stigmatisation du
pauvre est banalisée de nos jours y compris par nombre d’hommes politiques
toutes tendances confondues.
Ces idées sont même partagées par les pauvres puisque 30 % des potentiels
bénéficiaires du RSA n’y recourent pas. Les seuls revenus « dignes »
sont ceux du travail. Y recourir, c’est devenir indigne. (1)
Etre pauvre, c’est être indigne, y compris d’élever des enfants. Les
placements d’enfants pauvres sont de plus en plus fréquents. L’idée
sous-jacente serait-elle qu’ils ne sont pas capables d’élever leurs enfants ?
Bon, je m’arrête là mais admettons qu’il serait temps de regarder le pauvre
autrement.
Le pauvre n’est pas indigne, il n’est pas non plus assisté mais peut être
que le croire me permet de m’exonérer de mon devoir de solidarité, de me
replier sur moi-même et de ne même plus être capable de partager même mon
superflu.
J’entendais hier Mr Hirsch dire que les plus riches donnent
proportionnellement beaucoup moins que les personnes moins aisées.
Ce là signifierait que plus la part de superflu est importante, moins elle
est partagée.
C’est bien triste.
Il est temps de repenser notre rapport à la solidarité et l’image que nous
avons du pauvre en réfléchissant par exemple à cette phrase :
« Faites droit au faible et à l’orphelin, rendez justice au
malheureux et à l'indigent, libérez le faible et le pauvre, arrachez-les à la
main des méchants ». Psaume 82, 3-4
Ou encore à celle-ci :
« Les problèmes socio-économiques ne peuvent être résolus qu’avec
l’aide de toutes les formes de solidarité : solidarité des pauvres entre eux,
des riches et des pauvres, des travailleurs entre eux, des employeurs et des
employés dans l’entreprise, solidarité entre les nations et entre les peuples.
La solidarité internationale est une exigence d’ordre moral. La paix du monde
en dépend pour une part ». Catéchisme de l’Eglise Catholique
Et reconnaissons aussi que finalement, le pauvre et l’indigne c’est
peut-être nous dans notre incapacité à la solidarité envers les plus pauvres mais
peut être aussi envers tous ceux qui ne sont pas moi (l’étranger, le handicapé,
mon voisin, ma grand –mère …)
1 Mais pourquoi sont-ils pauvres?Voyage dans la France en crise Catherine Herszberg, seuil 2012Ecoutez aussi http://www.franceculture.fr/emission-du-grain-a-moudre-comment-lutter-efficacement-contre-la-pauvrete-2012-03-12
Et lisez ici http://www.atd-quartmonde.fr/Lettre-ouverte-d-ATD-Quart-Monde.html
Merci pour cette réflexion.
RépondreSupprimer